Merci, Charlie. Les jours, les semaines, les mois ont passé mais ce qu’il reste de l’émotion qui a déferlé sur la France, l’Europe et le monde au soir du mercredi 7 janvier a permis de bâtir une certitude : on ne tue pas des idées en éliminant des êtres humains. La liberté d’expression et le droit à la satire sont apparus avec une force inédite en ce mois de janvier 2015. A nous de porter cette force pour les mois et les années à venir, c’est le défi qui est désormais posé au monde de la presse, de la culture et de la politique.
Ce défi, le Salon du livre et de la presse de Genève entend le relever à sa manière. L’urgence des questions posées au soir du 7 janvier est intacte : comment éviter le choc des valeurs et des civilisations dans notre monde globalisé? Comment s’assurer que le débat d’idées ne se transforme pas en violence physique, en déni de l’autre? Ce monde des idées, du débat et de la tolérance, c’est dans une manifestation comme la nôtre qu’il s’incarne. L’identité culturelle, le rôle de la presse, de l’édition et des écrivains seront au cœur de la 29e édition du Salon du livre et de la presse. En pays hôte d’honneur, la Russie, sa tradition culturelle unique et les défis auxquels ce pays est confronté. En canton mis à l’honneur, le Jura, à la culture vigoureuse et savoureuse. Aux scènes thématiques consacrées au polar, à la littérature voyage, à la littérature suisse, à la psychologie et la santé, à la bande dessinée et au dessin, aux littératures africaines et arabes, au Cercle des éditeurs genevois, s’ajoute cette année une scène consacrée à la philosophie et aux sciences humaines. Matthieu Ricard, à travers une exposition de ses photographies ainsi que sur scène, portera son message humaniste et spirituel, tout comme la Maison de l’histoire. Un nouvel espace, intitulée La Fabrique, invitera les visiteurs à plonger dans les coulisses de la création littéraire. Nos amis Luc Ferry, Douglas Kennedy, Nancy Huston, David Foenkinos, Metin Arditi sont d’ores et déjà annoncés. Le sérieux n’empêche pas la légèreté, et les débats peuvent se finir en fête. Ecrivains et dessinateurs sont ici nos héros. A bientôt.
Isabelle Falconnier, présidente
